LE PRIX DES LARMES

Lorsqu'il soulève lentement ses paupières, le bleu limpide de ses yeux s'est tinté de gris. Les écrits de Sabine ne lui apprendront pas grand-chose de nouveau. Ce qu'il cherche... une photo. La photo. Il se saisit du coupe-papier en argent, fait glisser la lame tranchante entre les deux petites branches du cadenas doré, le place en position de levier. Faible pression, brisé. Il entrouvre ce qui reste du sanctuaire de Sabine, cale les deux parties de la couverture bleu ciel entre ses paumes et le renverse. Soren fait défiler les pages à toute vitesse avec son pouce, un délicat parfum de Vanille s'en dégage. Chez Marion, c'était la fraise. Elle tourbillonne comme une feuille d'automne abandonnée par la vie et vient se loger sur ses jambes. La Photo... Il en regarde à peine l'image, la retourne. Au dos, sur le revers blanc glacé : « Il n'est pire douleur qu'un souvenir heureux dans les jours de malheur. » Encore.